Vasques de pierre sur lesquelles depuis des tuyaux en bambous ouverts coulent l'eau

A Ohara au Sanzen In
Comme pour nos Eglises, les temples sont rythmés par des éléments dénominateurs communs que la catégorie Art japonais Ancien regroupent et que vous pouvez retrouver dans l'index nouvellement mis à disposition pour plus de lisibilité : lanternes en pierre, mobiliers, peintures, cloisons en papier, lanternes sous les toits, et l'objet de ce post : les vasques en pierre pour se purifier en entrant dans les lieux vers lesquelles la majorité des japonais, dès qu'ils pénètrent dans l'enceinte d'un temple, se dirigent pour accomplir les quelques gestes du rite. J'ai appris la méthode, mais l'oubli a progressivement volé à ma mémoire la gestuelle : il faut d'abord laver la grande cuillère avec un peu d'eau, laver la main qui porte cette cuillère, et se rincer la bouche... enfin bref si on me demandait de le faire, ca serait folklorique et sacrilège ^^ ! Mais un peu de sacrilège ne peut pas nuire à ces temples qui parfois ne demandent que ça :D. Dans tous les temples, vous trouverez ces vasques et il y a mille façons de regarder ces objets utilitaires : qu'ils soient posés dans un environnement entièrement minéral ou au milieu d'une végétation touffue dans laquelle en été le serpent peut se cacher, que l'eau soit calme ou striée de rides en cercles concentriques et ondelettes, ou parsemée de fleurs tombées -comme par hasard- des arbres ou buissons surplombant la vasque.


A Ohara encore, mais au Jakko-In, j'ai du mal à croire que les branches d'hortensias (?) et leurs pétales étaient tombées par hasard dans l'eau car j'étais vraiment en admiration devant ! :D voir ces photos de fleurs. Fleurs fragiles bleues en suspension immobile et instable sur la surface liquide calme

Vasque symbole du japon, si vous ne savez où elle se trouvait : c'est au Ryoan Ji, juste derrière le pavillon qui abrite le fameux jardin sec aux quinze rochers parfaits. Les quatres caractères portent bonheur je crois.


Au Shoren-In à Kyôto... un petit temple peu visité qui nous a offert le plus beau moment du voyage (voir les articles consacrés) pluie forte, lumière qui décline, chaleur lumineuse des brumes d'encens jaunes montant du temple, et... cette vasque (10min d'admiration photographique frustrée par le manque de luminosité!). Vous vous demanderez peut être ce qu'elle a d'exceptionnelle, mais je ne sais pas, pour moi, sur le coup, ca a été comme un choc :D Il y avait la pluie "qui au bassin fait des bulles" (sans "les hirondelles qui tiennent des conciliabules"), les vaguelettes formées par la chute de l'eau au bout, l'impression d'ancienneté de la pierre, comme un sarcophage antique, la mousse au loin et ses perles d'eau qui s'agrippaient au bout d'étranges filament rouges. Un peu d'une oeuvre d'art moderne présentée au Lieu Unique à Nantes en août 2007 où les ondelettes sur une surface grise créaient par un jeu de projection des motifs oniriques sur les murs. Comme un faux calme sous la surface noire, illusion du reflet trouble.


jeu des intersections infinies des cercles-ondes qui se répercutent et se reflètent sur les bords froids, ballet à peine pertubé par la chute d'une feuille vert intense. (même vasque qu'avant mais au flash, on perd une partie de l'ambiance^^)

Fin de ce post très "zen" dans un blog finalement assez "zen" :D j'espère qu'après sa lecture vous être plus tranquille d'esprit et avez écarter les petits stresses de la vie quotidienne :D :D ne méditez quand même pas trop sur les vasques japonaises, on risque de tomber dedans et je ne peux rien garantir sur ce qui peut arriver ensuite !